Une pizza est parfois quelque chose de vraiment merveilleux. J’en ai fait l’expérience en Afrique.
Je vivais alors dans un petit village en pleine mangrove, sans électricité, avec les moyens du bord et la nourriture du coin, produite ou cueillie sur place. Le nec-plus-ultra du manger local ! Ça fait rêver…
Tu parles ! C’est un cauchemar. Au menu tous les jours, matin, midi et soir : poisson séché, riz et huile de palme. Au bout de deux semaines, une fois passé le goût de l’aventure, je commençais à en avoir ras-la-casquette. Au bout de trois mois, je ne pouvais plus voir un grain de riz en peinture et, après un an à ce régime, mon seul espoir était de devenir moine zen.
J’avais presque acquis la prodigieuse technique locale qui consiste à mâchouiller un petit poisson entier pendant cinq minutes afin d’extraire les millions d’arêtes qui le constituent, quand un compatriote débarqua à bord de son rutilant 4X4 de projet. « Et si on allez se taper une pizza en ville ? » qu’il me dit. Croyez-moi sur parole, même après des heures de piste poussiéreuse et dans une des capitales les plus pourries d’Afrique de l’Ouest, je n’ai jamais trouvé une pizza aussi géniale !
Seul sur Mars
Voilà pourquoi un programme de la NASA m’a particulièrement interpellée. L’agence spatiale développe une imprimante 3D à pizza !
Alors que le premier voyage habité vers Mars est prévu pour 2035, et peut-être même 2022, une question demeure : que vont bouffer les astronautes pendant le voyage ? (sous entendu : comment vont-ils tenir le coup ?). Même si la technologie 3D n’évoque pas franchement la grande gastronomie, c’est toujours mieux que des aliments lyophilisés informes et insipides. Les cartouches de l’imprimante 3D contiennent des poudres alimentaires, riches en protéines et en nutriments. L’atout majeur de cette technologie repose sur le fait que ces poudreux et supers ingrédients préconçus peuvent être conservés et stockés pendant des années sans s’altérer. Je vous l’accorde, ça n’a pas l’air super appétissant mais, d’après ma propre expérience, en conditions extrêmes, même la plus terrible des pizzas fait l’affaire !
Comme toujours, ce qui couve à la NASA arrive un jour sur le marché. Une start-up espagnole, répondant au délicieux oxymore de Natural Machine, s’est également lancée dans la course aux nouvelles technologies alimentaires. Ici et là, on entend dire qu’en 2045 toutes nos cuisines seront équipées d’une imprimante 3D, remplaçant le micro-onde et autres trucs complètement ringards. Mieux que les petits plats en kit livrés à domicile, chargez vos cartouches, programmez votre imprimante avec votre smartphone et vous aurez votre plat de spaghettis. Cette pub m’a beaucoup fait rire, l’art d’être à la fois super « high tech », « fresh and healthy » et complètement à l’ouest :
Food Hacking
Ces histoires de cuisine à l’imprimante 3D ne sont qu’un exemple d’un mouvement plus large et nettement plus fun, appelé le « Food Hacking ». Expérimental, innovant et parfois franchement déjanté, le Food Hacking est le nouveau terrain de jeu des geeks du monde entier, avec, au menu, la rencontre entre nouvelles technologies et alimentation. Chercheurs, ingénieurs, bricolo-punk et génies de l’informatique s’éclatent comme des petits fous et vont bien plus loin que la maintenant dépassée cuisine moléculaire. Bacon grillé au laser, fruits reconstitués, fourchette électrique ou cookie virtuel, les expériences partent dans tous les sens, cherchant à pousser l’invention culinaire à son comble ou à jouer sur les sens et les sensations. Pour en savoir (et voir) plus, je vous invite à regarder ces petits reportages de Munchies au Japon. Tiens, plutôt que devenir moine en Afrique, j’irai là la prochaine fois…
[E.Le]
Illustration: La pizza de l’espace, collage Micrologie, 2017, inspiré par le cultissime film de Wilcox « Forbidden Planet », 1956
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