Alzheimer & marteau-piqueur

Pourquoi le pic vert n’a pas le cerveau réduit en bouillie ?

Vous avez certainement tous vu ou entendu un pic vert en plein boulot. Et vas-y que ça tambourine, 22 coups par seconde, ce drôle d’oiseau joue du marteau-piqueur sur les troncs pour y déloger ses insectes préférés. N’empêche, quand il fait ça, il se prend une force de 1 200 g dans la tronche ! A savoir qu’un pilote de chasse encaisse à peine une accélération de 10 g et tous les humains se payent une sérieuse commotion cérébrale à 80 g… Alors ? Comment fait le pic pour ne pas avoir le cerveau en compote ?

En 2011, des scientifiques chinois s’étaient déjà intéressés à cette épineuse question, montrant que le crâne du piaf-pic présente une structure toute particulière, plus élastique et capable d’amortir les chocs. Un truc mécanique plutôt bien vu (PlosOne).

Mais ce n’est pas tout ! Cette semaine, des chercheurs américains ont repris le dossier et cette fois, ils sont allés fouiner directement dans le cerveau des oiseaux. Et là, ils ont observé que des protéines, appelées Tau, s’accumulent autour des axones, prolongement des neurones qui conduisent le signal, « leur assurant comme une protection et une stabilité, tout en les gardant flexibles » explique un des auteurs de l’étude.

Ça tombe à pic

Il y a de quoi être étonné car ces fameuses protéines Tau sont tristement célèbres. On les retrouve qui s’accumulent en agrégats dans le cerveau de patients atteints de maladies neurodégénératives, type Alzheimer ou certains syndromes parkinsoniens. On parle même de pathologie tau ou tauopathie (c’est pour dire), mais sans trop savoir si ces agrégats anormaux sont la cause ou la conséquence de la dégénérescence des cellules nerveuses. Stop, je vous arrête tout de suite, n’en déduisez pas qu’on encaisse mieux l’accélération d’un avion de chasse quand on a Alzheimer.

Par contre, vous pouvez en déduire que les piafs ont deux ou trois trucs à nous apprendre. Chez l’oiseau, l’accumulation de tau est une forme de protection, fruit d’une évolution adaptative qui remonte au moins à 25 millions d’années. De quoi aider la recherche en médecine, non ? C’est toujours mieux que de concevoir des casques pour protéger ce qu’il reste de cerveau aux joueurs de football américain.

(Je vous rassure, les recherches se mènent sur des bestioles conservées en bocal dans les collections des muséums, mais planquez quand même vos pics verts, on ne sait jamais.)


Source :

Tau accumulations in the brains of woodpeckers, PlosOne, fev. 2018


Illustration :

Soigner Alzheimer à coup de pic vert, bricolage micrologie, 2018


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