Un nouvel antibiotique grâce aux fourmis
“Les antibiotiques, c’est pas automatique !” Ben voyons… Vous ne pouviez pas le dire plus tôt !? Parce que là, bravo, on est bien dans la merde. Voilà ce que dit l’OMS : « La résistance aux antibiotiques constitue aujourd’hui l’une des plus graves menaces pesant sur la santé mondiale. » Et ne croyez pas que vous allez vous en sortir, je cite : « Elle peut toucher toute personne, à n’importe quel âge et dans n’importe quel pays. » Et vlan !
Maintenant que vous priez pour ne pas être opéré de l’appendicite et choper une infection nosocomiale lors de votre prochain séjour à l’hosto, laissez-moi vous expliquer pourquoi il est important de lutter contre la désertification en Afrique.
Magic savana
Hein ?
Non, je ne passe pas du coq à l’âne, mais du staphylocoque à la fourmi.
Ambiance National Geographic ou Marlyse de La Grande pour ceux qui s’en rappellent ( je n’ai pas pu m’empêcher de ressortir le générique, désolée :))
L’émission nous emmène aujourd’hui en pleine savane africaine, au Kenya. Eléphants et girafes gambadent au soleil couchant, une lionne s’étire sous un acacia. Approchons-nous. Dans l’arbre, à l’abri des feuilles, une colonie de fourmis, de l’espèce Tetraponera penzigi, œuvre à son petit élevage de moisissures.
Bon… Tout ça est très poétique et à trop rêvasser, personne n’avait pensé (jusqu’alors ) à regarder de près ces fameuses moisissures.
Et pourtant, ça valait le coup ! Grâce aux nouvelles techniques d’exploration moléculaire, une équipe scientifique y a fait une découverte fort prometteuse. Ces moisissures toutes « fourmilières », identifiées comme une nouvelle espèce d’actinomycètes, les Streptomyces formicae, produisent des antibiotiques. Les scientifiques, bien inspirés, ont nommé ces molécules formicamycins (pour ceux qui ont perdu leur latin, formica veut dire fourmi).
Jackpot ! Les formicamycins s’avèrent efficaces contre les terribles staphylocoques dorés et autres entérocoques résistants à tous les antibiotiques actuellement à notre disposition.
Les tests et recherches se poursuivent, la synthèse de ces molécules est en cours… De quoi dire « ouf ! », renouveler notre armoire à pharmacie et gagner un peu de temps avant de tous choper une saloperie incurable.
Cela dit, j’attire votre attention sur la conclusion des chercheurs dans leur article : « Nos résultats mettent en lumière l’importance d’effectuer des recherches dans des environnements jusqu’ici sous-explorés. » Permettez-moi d’ajouter, sans vouloir faire de mauvais esprit, que tout ça est possible si, et seulement si, ces « environnements sous-explorés » existent encore… hum hum
Ben oui, la biodiversité, cui-cui les p’tits oiseaux, ça peut aussi sauver des vies.
(humaines)
Source :
Formicamycins, antibacterial polyketides produced by Streptomyces formicae isolated from African Tetraponera plant-ants, Chemical Science, fev. 2017
Illustration :
Fourmicopée, bricolage micrologie, 2018, inspiré du génialissime et premier « big bug » film, « Them », Gordon Douglas, 1954
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