Un burger vegan en ADN de synthèse, miam, miam
La biologie de synthèse et l’édition de gènes sont des sujets qui me laissent souvent perplexe…
Sauver la planète ? Avenir inéluctable ? Mythe de Prométhée ? Blade Runner ? Burps
Voilà un nouveau cas, pour info et commentaires.
En mars dernier, à New York, l’entreprise Impossible Foods annonce à la presse l’ouverture de sa première chaîne de restaurants : des burgers dans les règles de l’art, mais des burgers vegan. Jusque-là on se demande bien où est la nouveauté et pourquoi Google Ventures and Bill Gates ont investi des millions dans cette start-up.
Vous êtes à l’ouest, ces burgers-là sont à la pointe de la technologie, d’avant-garde et promettent aux générations futures un drôle de menu…
Dilemme résolu ?
Impossible Foods a réussi une prouesse : 100 % à base de matière végétale, leurs steaks ont l’aspect de la viande, la couleur de la viande et le goût de la viande.
Merde alors ! La chèvre et le chou ! L’humanité a pris conscience que son alimentation commençait à peser lourd sur la planète (et sur les animaux). Pour autant, elle n’est pas tout à fait prête à sacrifier son instinct carnivore et sa passion gastronomique pour la barbaque.
Ce fâcheux dilemme méritait bien que certains scientifiques s’y intéressent et que les plus grandes fortunes du monde y mettent des billes.
Hémoglobine de plante
Il aura fallu plusieurs années de recherche pour obtenir un steak vegan au vrai goût de viande (étrange d’écrire ça…bon, bref). Après avoir analysé tous les composants, acides animés, graisses et nutriments contenus dans la viande, les scientifiques de chez Impossible Foods ont enfin découvert « l’essence » du burger. Comme par hasard, ce qui donne ce goût et ce sanglant inimitables est un composé chimique contenu dans l’hémoglobine, appelé hème.
Et là, les mecs ont fait très fort ! Ils sont allés chercher ce composé dans une protéine végétale, la leghémoglobine, équivalent de l’hémoglobine présent dans les nodules des fabacées (pois, haricots, lentilles, soja, etc.).
Vegan synthétique
Maintenant, vous vous dites, pourquoi Micrologie nous fatigue avec un steak de soja, y’a pas de quoi en faire un plat.
Oui, mais… Extraire un composé chimique d’un nodule de soja coûte une fortune et tout le monde sait qu’on peut mieux faire. C’est là qu’entrent en jeu la biologie de synthèse et le génie génétique. La séquence ADN qui code pour la leghémoglobine a été éditée et retranscrite dans un micro-organisme, en l’occurrence une levure transformée en usine vivante à hème.
Les ingrédients du steak végétal sont biologiques… de synthèse.
Source :
The Guardian, Can Impossible Foods and its plant burgers take on the meat industry? Mardi 2 mars 2017
En complément :
Sur la biologie de synthèse, des groupes veillent … voir notamment ETC ou SynbioWatch.
Illustration :
Nosferatu mange des pissenlits, bricolage Micrologie 2017, inspiré par Nosferatu le vampire de F. Wilhelm Murnau, 1922
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