A la rescousse des coraux, un robot flingueur s’attaque aux étoiles de mer
La robotique va changer nos vies… et peut-être aussi celles des étoiles de mer. Développé par des chercheurs australiens, un nouveau robot intelligent va s’attaquer à Acanthaster, l’étoile dévoreuse de corail. Finies les troupes au sol ! Les armées de plongeurs qui se chargeaient jusqu’alors de débarrasser les récifs de ce funeste prédateur à épines sont bonnes pour le chômage.
Ben ? Pourquoi t’es tout pâle ?
Les récifs coralliens du monde entier blanchissent à vue d’œil. Leur surface se réduit comme une peau de chagrin et les scientifiques estiment qu’elle a diminué de moitié en trois décennies. Victimes du changement climatique et de la pollution, ces pauvres coraux se font en plus manger par des étoiles de mer géantes ! J’ai adoré la description fleurie dans Wikipedia : « Acanthaster escalade les récifs, dévagine son estomac sur le corail, libère ses enzymes digestives puis en absorbe les tissus ainsi liquéfiés. » Apparemment, la voracité de l’échinoderme est une affaire sérieuse, elle serait responsable de plus de 40 % des pertes dans la Grande Barrière de Corail.
A l’attaque !
Des scientifiques sont donc convenus de venir à la rescousse des coraux, êtres « polypiens » immobiles et sans défense. Leur invention : COTSbot, un robot flingueur, sans pitié pour les étoiles de mer.
Les tests ont démarré et COTSbot passe toutes les épreuves avec brio ! Il faut dire qu’il est suréquipé. Motorisé par cinq propulseurs, le robot suit un chemin préprogrammé et scanne la Grande Barrière de Corail. En chasse, il déambule le long du récif. Grâce à un très sophistiqué système de sonar et de caméras, le robot repère les étoiles de mer à leurs couleurs violacées et leur rampante attitude. Dès qu’il en voit une, ni une ni deux, son bras pneumatique se déploie et, muni d’une aiguille, il lui injecte 10 ml de bile toxique. L’étoile est digérée de l’intérieur et périt en 24 heures (ne soyez pas choqués, c’est encore une technique australienne : voir arme de destruction massive contre les carpes). COTSbot contient assez de poison pour dégommer 200 acanthasters par mission de quatre à huit heures.
Faites l’amour pas la guerre
Si certains passionnés de nouvelles technologies trouvent ça fun, la communauté scientifique admet néanmoins que la méthode risque de coûter un bras (outre le fait qu’elle soit franchement dégueulasse). Alors d’autres brillantes idées sont à l’étude.
Restons bons joueurs, il n’y a pas que des chercheurs cruels en Australie. Une équipe de l’île s’intéresse à la communication chez les étoiles de mer et cherche un moyen de les attirer pour les capturer et les éliminer en douceur. Une alternative à la méthode Terminator vient d’être publiée dans Nature. Elle consiste à utiliser des phéromones.
Comme bon nombre d’animaux marins, les acanthasters libèrent leurs œufs et leurs spermatozoïdes dans l’eau pour une fécondation externe. Pour réussir leur reproduction, elles doivent se regrouper, au lieu de quoi leurs gamètes se perdent dans l’immensité de l’océan. Bien malins, les scientifiques en ont déduit qu’il devait exister un stimulus, un message chimique, qui prévient de l’heure et de l’endroit du rassemblement. En étudiant les panaches chimiques qui se dégagent en période de reproduction, les biologistes ont identifié les protéines auxquelles aucune étoile de mer ne peut résister. Les travaux se poursuivent au cœur du génome d’acanthaster afin de dénicher les gènes qui encodent pour ce philtre d’amour. De quoi fabriquer des pièges à l’efficacité redoutable…
Source :
The crown-of-thorns starfish genome as a guide for biocontrol of this coral reef pest, Nature, mars 2017 doi:10.1038/nature22033
A Starfish-Killing, Artificially Intelligent Robot Is Set to Patrol the Great Barrier Reef, American Scientist, janv.2016
The 27-year decline of coral cover on the Great Barrier Reef and its causes, PNAS 109, 17995–17999, 2012
En complément : pour tout savoir sur Acanthaster, l’article de Wikipédia est vraiment super complet
Illustration :
La guerre des étoiles, collage Micrologie, 2017, inspiré par R2D2 dans Star Wars, Georges Lucas, 1977
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