Telenovela dans le désert

Les suricates gèrent leur vie sociale grâce à des bactéries

Clan, territoire, famille, pouvoir… Les suricates ont une vie sociale trépidante. Il faut dire que beaucoup de monde s’en mêle ! Une étude publiée dans Scientific Reports montre que les odeurs qu’utilisent les suricates pour se reconnaître entre eux ne proviennent pas de leur propre corps mais des bactéries qui les habitent !

Une histoire où 1000 bactéries vont marquer de leur empreinte tragique la destinée d’un amour fou…

Roberta et Gonzalo auraient pu s’aimer au premier regard, mais leur microbiote, prompt à régenter leur vie, en a décidé autrement. Le père de Gonzalo, chef du clan des suricates de l’ouest, a engagé une armée de bactéries pour s’opposer à leur union. De son coté, Patricia, affreusement jalouse, ne cessera de se frotter à sa sœur Roberta pour décourager les avances de Gonzalo. Même Camillo, fils caché de Jaime parti rejoindre le groupe de l’est et secrètement amoureux de Gonzalo, ne retrouvera jamais son frère, trahi par ses microbes.

Chez les suricates, on ne badine pas avec les histoires de famille : la survie dépend du groupe. Dans cette société très organisée et hiérarchisée, les odeurs jouent un rôle déterminant, pour la reconnaissance entre individus, la cohésion sociale et les mariages. C’est tellement important que les suricates passent leur temps à déposer des petites sécrétions fleuries un peu partout : « coucou, je suis passé par là, dis, tu m’aimes ? ».

Comme un air de famille

Une équipe de scientifiques a décrypté ces messages parfumés. En analysant les sécrétions par chromatographie et spectrométrie de masse, les chercheurs ont identifié plus de 200 composés chimiques différents. Or, le poids moléculaire de bon nombre de ces « odeurs » ne trompe personne. Les composés plus légers proviennent de bactéries !

Mais le plus étonnant est que le clan impose sa signature. Les suricates membres d’un même groupe déposent des messages à la composition chimique très similaire. Cet « air » de famille ne vient pas seulement du fait qu’ils partagent les mêmes gènes, ils partagent les mêmes bactéries !

En groupe, à force de se gratouiller, de dormir dans le même lit et de manger à la même table, les suricates se refilent toutes leurs bébêtes. Et y’a du beau monde…
Au crible d’une analyse génétique, les chercheurs identifient plus de 1 000 microbes différents dans les sécrétions anales des suricates. Chacun héberge sa petite communauté, selon qui il est et d’où il vient.
Que les choses soient claires et bien senties ! Les mâles dominants n’ont pas le même assemblage de bactéries que leurs subordonnés. Cela dit, quand un aventurier quitte le clan pour tenter sa chance ailleurs, il peut toujours changer d’aftershave. C’est un des avantages de cette sous-traitance des odeurs.

Alors, à tout hasard, je vous signale que les suricates ne sont pas les seuls à se parfumer avec des microbes : les humains aussi !
On est bien peu de choses… ou plutôt beaucoup… Et si vous croyez que votre amoureux(se) a craqué pour votre seule personnalité, permettez-moi d’en douter.

 


Source : 

Social odours covary with bacterial community in the anal secretions of wild meerkats, Scientific reports, juin 2017

Micrologie présente ses humbles excuses aux chercheurs du laboratoire EDB Toulouse, co-auteurs de cette étude, pour un traitement aussi grotesque de leurs très intéressants travaux. Heureusement que ces recherches ont par ailleurs été diffusées dans des médias qui ne sont pas fans de telenovelas, notamment sur ScienceDaily ou Science et Avenir.


Illustration :

Amour, gloire et passion chez les suricates, bricolage Micrologie 2017, inspiré par Dallas (l’original de 1978-1991)


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