Lutte bio-logique

Quand les oiseaux perturbent la lutte biologique anti-pucerons

Comme tout bon(ne) agriculteur(trice) bio et jardinier du dimanche, vous aimez avoir des oiseaux dans votre champ. Les oiseaux, c’est trop sympa, ça mange les insectes. Oui, sauf que… ces cons-là ne mangent pas toujours les bons !
Les résultats d’une étude parue dans Ecology sont désespérants de logique… encore fallait-il le démontrer : sans les moineaux, il y a moins de pucerons dans les champs de céréales.
Bon, alors, on reprend. Les moineaux mangent les larves de coccinelles qui auraient dû manger les pucerons… Lors d’une expérimentation plein champ, sans pesticide, des scientifiques ont suivi l’indémontable trio.

Expérience plein champ

Au cœur d’un paysage de prairies et de jachères, les biologistes ont semé de l’avoine d’été et du blé d’hiver sur huit parcelles de 30×100 m. Dans ces stations où tout est suivi à la loupe, ils ont installé une population de moineau friquet, d’une densité comparable à celle observée en milieu naturel. Puis, sur quatre parcelles, les chercheurs ont tendu des filets qui empêchent les oiseaux d’approcher. Et ils ont fait le recensement…
… à quatre pattes dans le champ, à compter les larves de coccinelles et de syrphes et les pucerons un par un !

Bah, la recherche, c’est pas facile tous les jours ! D’ailleurs, le thésard a probablement craqué. Les comptages datent de 2000 et n’ont été publiés qu’en 2017… par un autre thésard ! (micrologie mène l’enquête pour savoir ce qui est arrivé à ce pauvre garçon compteur de pucerons).

Réactions en chaîne

Le suivi minutieux des oiseaux a montré que les larves de coccinelles et de syrphes, une mouche en habit d’abeille, constituent plus de 75 % de l’alimentation des nichées. Cette prédation par les oiseaux, toute sélective, a des effets en cascade car ces larves sont de terribles mangeurs de pucerons. Les résultats sont on ne peut plus clairs : quand les oiseaux sont exclus des champs de blé, la densité de larves de syrphes augmentent de 45 %, les pucerons diminuent de 26 %.
Si vous faites de la lutte biologique, il est donc judicieux d’adopter une perspective un peu plus large sur la chaîne alimentaire…

CQFD. Franchement, je compatis, essayez, vous qui rigolez, de compter des pucerons !

 


Source :

Insectivorous birds disrupt biological control of cereal aphids, Ecology, juin 2017


Illustration :

Comptage de coccinelles, bricolage Micrologie 2017, inspiré de Quentin Metsy, Le prêteur et sa femme, 1514


Si ce billet vous a plu, partagez-le !

Microbillets du vendredi

Pour recevoir les dernières nouvelles dans votre boîte, indiquez votre adresse et clic !
* champ obligatoire

à lire sur micrologie

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *