Les plantes parasites abusent vraiment ! Une équipe de l’Université de Pennsylvanie vient de découvrir qu’en plus de bénéficier du gîte et du couvert, elles chipaient des gènes chez leur hôte. D’après les chercheurs, la promiscuité rend ce curieux phénomène possible. On l’appelle le transfert horizontal de gène et bien qu’assez connu chez les organismes simples comme les bactéries, il est plutôt rare chez les plantes et les animaux. Il est d’usage chez les êtres complexes d’utiliser la reproduction sexuée pour partager du matériel génétique et cela, s’il vous plait, entre individus de la même espèce. Peu enclines aux bonnes manières, les plantes parasites quant à elles rapinent de l’ADN et de l’ARN chez celui ou celle qui les nourrit.
L’histoire les a dénoncés
Leurs racines directement branchées sur une autre plante, les parasites en extraient de l’eau, des sucres et toutes sortes de nutriments avec, en prime, quelques acides nucléiques. Pour apporter les preuves de ce larcin, les scientifiques ont minutieusement étudié les séquences génétiques de quatre espèces du groupe des orobanches, dont la terrible Striga hermonthica, ravageuse du sorgho et du mil en Afrique, et l’Orobanche égyptienne, funeste parasite du tournesol, du melon ou de l’arachide, entre autres. En reconstituant l’histoire évolutive d’une centaine de gènes chez les orobanches, les chercheurs ont clairement identifié des fragments accaparés en cours de route et en provenance d’ancêtres des plantes hôte d’aujourd’hui. Tous les transferts dépistés chez la Striga sont issus d’herbacées – famille des poacées à laquelle appartiennent les céréales. L’Orobanche égyptienne s’est quand à elle approprié des gènes de rosacées ou de fabacées, groupes botaniques qu’elle squatte allègrement. Par ailleurs, le nombre de ces transferts dépend du degré de parasitisme et de l’attachement à une espèce hôte en particulier.
Tuyau percé
Le transfert horizontal de gène ne serait donc pas qu’une histoire de tuyau percé ? Les scientifiques y voient un formidable mécanisme évolutif et adaptatif. Les morceaux volés sont fonctionnels, persistent d’une génération à l’autre et, qui plus est, codent majoritairement des protéines de l’haustorium, l’organe même qui s’insère dans la plante hôte pour lui pomper ses ressources. Les scientifiques supposent que ce matériel génétique récupéré chez l’hôte est une véritable arme pour le pique-assiette, certains gènes induisant même une sorte de mécanisme antirejet. Ironie du sort, la plante hôte a donné le bâton pour se faire battre… les chercheurs ont préféré conclure leur article par un autre adage : « tu es ce que tu manges », littéralement !
[E.Le]
Source : Horizontal gene transfer is more frequent with increased heterotrophy and contributes to parasite adaptation, PNAS October 24, 2016
Illustration : Braquage de gènes, Collage Micrologie, 2016
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