L’affaire de la lampe-poisson

Quand la marque Tetra ferait mieux de virer son directeur du marketing…

Dans la loi française, il y a un truc extrêmement clair : « Tout animal étant un être sensible doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce » (ça ne date pas d’hier, il s’agit de l’article 9 de la loi de 1976…).

Alors, j’ai juste une question : aucun flic ne fait ses courses chez Bricomarché ?

Vous avez peut-être entendu parler ces derniers jours sur les réseaux d’une histoire de « lampe-poisson ». La firme Tetra, leader sur le marché du poisson d’aquarium, a mis récemment en vente une lampe avec un betta à l’intérieur.

Poisson-zen

lampe-poisson tetra

Lisez-bien le slogan : « évadez-vous » et « passez une journée zen ». On croit rêver ! Parlez-en au poisson enfermé dans un bocal à… confiture ! (avec des lights disco à faire pâlir John Travolta).
Le vase fait moins de deux litres pour une espèce qui, selon certains spécialistes, nécessite un minimum de 10 litres d’espace vital. C’est pas hors la loi ça ?
Je dis bravo ! Et surtout merci à la dame qui a lancé l’alerte sur les réseaux sociaux et fait réagir des milliers de personnes. Comme quoi, si les autorités ne font pas leur travail… le bon peuple est là !

Suite à la volée de bois vert et aux vives réactions des consom’acteurs, la lampe-poisson a été retirée de la vente en France.

Aquarium doré

Dans le monde, plus de 100 millions de personnes possèdent un aquarium. A ce qu’il paraît, l’aquariophilie est, après la photographie, le second hobby le plus pratiqué (et parmi les plus coûteux…). Voilà donc un sacré business ! Pour l’hexagone, le marché s’élèverait à plus de 200 millions d’euros par an.

Mais quand les chiens et les chats font toujours recette dans les animaleries et les supermarchés de la bestiole, avec une croissance annuelle de plus de 3 %, ça rame côté poissons. La tendance est nette depuis quelques années : l’industrie du bocal se casse la gueule ! L’aquariophilie a du mal à recruter de nouveaux clients. Trop technique, trop compliquée, trop de temps à consacrer… les responsables du marketing ont fait leur enquête et, aucun doute, les nouvelles générations préfèrent leur PlayStation. Alors, pour maintenir à flot une industrie qui négocie plus de deux milliards de poissons à travers le monde chaque année, il fallait trouver une idée !

De poche et en kit

Cette idée est arrivée il y a peu dans toutes les jardineries avec le « nano » : un mini-aquarium avec des petits poissons pas farouches et dûment sélectionnés (pour ne pas dire complètement trafiqués), capables de supporter la captivité sans trop de soins. L’aquarium facile et sans effort ! C’était bien essayé, mais ça n’a pas suffit à redresser la barre. Encore -4% de chiffre d’affaire cette année.

L’industrie pousse alors le bouchon, elle revisite le nano-aquarium, lui colle un slogan in et un petit coup de design. L’entreprise Tetra innove avec sa lampe-poisson, un mix entre mauvaise luminothérapie et fausse sagesse asiatique. A la pêche aux clients, elle espère surfer sur une tendance qui a le vent en poupe : le marché du bien-être. En témoignent le rayon « développement personnel » qui grignote toute la place chez mon libraire ou les magasins Nature et Découverte qui fleurissent sur les terres fertiles des centres commerciaux.

Cela dit, même si il se vend tout et n’importe quoi pour « rendre les gens heureux », quand on veut faire son beurre avec le zen, il ne faut pas trop dévoyer le concept… (et par là même prendre les gens pour des cons…).

Gros plantage chez Tetra, leur lampe soi-disant zen qui devait séduire de nouveaux clients est un échec commercial fracassant !

Ça remonte carrément le moral ! Merci madame.

 


Micro+ :

Dans la série « on fait vraiment n’importe quoi avec ces pauv’ poissons », je vous présente :

Toilettes japonaises
Les chiottes japonaises
Le centre de table pour mariage
Le lavabo poisson

etc., etc., (sans oublier bien sûr notre fameux dragon d’aquarium)

J’en profite pour préciser qu’en Italie le bocal à poisson rouge a été interdit, pour cause de stress. A bon entendeur !


 Illustration :

Poisson-Zen, bricolage micrologie, 2017, inspiré de La Vague, Hokusai, 1830

micrographie

vague-hokusai
La Vague, Hokusai Katsushika, 1830

Réalisée en 1830, la vague d’Hokusai est une des plus célèbres estampes japonaises, en Asie comme en Occident. Deux formes symétriques et emboitées, telles le yin et le yang, font de cette œuvre un véritable symbole de la philosophie orientale. S’équilibrent la fureur des éléments avec la sérénité de l’arrière plan et du mont Fuji. Puissante nature, la vague abat ses griffes de dragon sur les embarcations humaines, fragiles, inconstantes et éphémères (exactement à l’inverse de la lampe-poisson qui entend mettre la nature dans une petite boîte…).

En son temps, Hokusai et les estampes japonaises influencèrent beaucoup les peintres impressionnistes, comme Monet, Van Gogh ou Gauguin, qui reprirent à leur compte certains effets de perspective ou les à-plats de couleurs. Plus proche de nous, on dit souvent qu’Hokusai fut l’inventeur du Manga. De fait, il en créa le nom pour désigner des petites esquisses de la vie quotidienne.

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