Des scientifiques suggèrent que la suppression de l’odorat fait maigrir
Youpi, c’est l’été, tout le monde à poil ! Sympa, à priori…
Oui, ça pourrait l’être si personne ne nous mettait la pression. D’ailleurs, ce matin, la journaliste Nadia Daam a poussé un gros coup de gueule sur la presse féminine. Titre de son papier : « Hey ! Elle, Glamour, Grazia? Et si vous nous lâchiez le cul (et le ventre, et les cuisses, et les bras) ». On ne peut que lui donner raison ! Même sans lire ce genre de magazine, il est difficile d’échapper au dictat des régimes de l’été. Dans la rue, c’est l’agression permanente, du kiosque à journaux aux vitrines des pharmacies. Le comble, même les revues scientifiques s’y mettent !
Alors que Nadia publiait son article incisif, je parcourais les dernières publications de la recherche. Et là, comme ailleurs, on fait dans le spécial été ! Faut pas se leurrer, espérant un maximum de retombées presse, les revues scientifiques et les grandes universités, elles aussi, suivent les tendances.
Hum, ça sent bon !
Sous couvert de lutte contre l’obésité, ce qui, reconnaissons-le, est un vrai problème de santé publique, certains scientifiques cherchent par tous les moyens à nous faire maigrir. La dernière étude en date parue dans Cell Metabolism montre que l’odorat a une influence sur la prise de poids chez la souris.
Attendez le titre du communiqué de presse ! Il y a de quoi tomber de sa chaise : « Sentir votre nourriture vous rend gros ». Otez-moi d’un doute, est-ce que l’attaché de presse veut vraiment nous faire flipper ou il nous prend tous pour des souris ?
Donc, alors, si vous êtes une souris, sachez qu’en laboratoire lorsque l’on détruit par thérapie génique vos neurones de l’odorat, vous brûlez plus de graisse.
Information centralisée
Prenez deux souris. La première est tout ce qu’il y a de plus normal. L’autre a subit une ablation des neurones olfactifs, elle ne sent plus rien. Puis donnez-leur des trucs bien gras à manger. La souris « sans nez » ne prend que quelques grammes. La souris normale, quant à elle, devient une vraie petite boule, elle a doublé de volume !
Dans leur étude, les scientifiques montrent que la souris sans odorat a modifié son métabolisme. Son système nerveux central, au contrôle de fonctions comme le stockage des lipides, la thermogenèse, l’absorption et le flux de glucose, envoie de nouveaux messages. Les cellules adipeuses changent alors de statut. Au lieu de stocker en sous-cutanée dans les cuisses et le bidou, elles deviennent des cellules « brunes », leur job étant alors de transformer la graisse en énergie. La graisse ne s’accumule plus, elle est réduite en chaleur.
Le grand sacrifice
Pas besoin d’être chercheur à Berkeley pour savoir qu’il y a une relation intime entre la nourriture et l’odorat. Par contre, il faut être scientifique pour comprendre et maîtriser les rouages de ce subtil dialogue entre les sens et le système nerveux. On n’espère qu’une seule chose : que cette découverte ne tombe pas entre de mauvaises mains !
L’industrie des régimes et de la minceur est le royaume des charognards. Gourous, charlatans et autres affairistes sans scrupule s’y repaissent d’un mal-être, tout socialement construit, à leur grand bénéfice.
Pour leur part, les chercheurs, auteurs de l’étude, se targuent d’une démarche tout à fait respectable. Ils s’expriment dans le communiqué de presse : « Si nous pouvons valider cela [cette relation odorat-comportement des cellules adipeuses] chez les humains, peut-être pourrons-nous fabriquer un médicament qui n’interfère pas avec l’odorat mais bloque le circuit métabolique ». Mais on peut s’attendre à tout. Je vois d’ici débarquer les nouveaux régimes-tortures, après le-tout-ananas, la diète en sachet, les liposucions, les ligatures d’estomac : l’ablation de l’un de nos sens les plus précieux et les plus exaltants.
Pitié ! Les régimes-minceur ne sont qu’un maillon de cette chaîne agro-industrielle qui n’a de cesse que de nous faire bouffer n’importe quoi. C’est comme les mannequins de moins de 15 ans dans les magazines, ça devrait être interdit !
Source :
The Sense of Smell Impacts Metabolic Health and Obesity, Cell Metabolism, juillet 2017
Illustration :
Régime de souris, bricolage micrologie, 2017, inspiré de Fernando Botero
micrographieBotero Fernando Botero est un peintre colombien, né en 1932. Artiste prolifique, il a développé un style propre, trés reconnaissable, exaltant la rondeur. Dans sa quête du monumental, il trouve sa patte en jouant des proportions : les personnages ou les objets ont des formes amples, voluptueuses, mais les traits, comme par exemple le nez ou les yeux sur un visage, restent à la taille normale, voire sont plus petits. Cet effet, cette drôle de combinaison, c’est la touche Botero, ce qui déroute et émerveille à la fois. |
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