Les dents de la rue

Hormones pour chiens méchants

Qu’on se le dise, Youki n’est pas toujours très sympa, il a ses têtes. Il en a pas mal d’ailleurs… Rien qu’en France, faute de données précises, on estime entre 200 000 et 500 000 le nombre de personnes victimes de morsures de chien chaque année . A qui la faute ? Les scientifiques bossent dessus et semblent avoir trouvé les responsables de l’agressivité chez les poilus : les hormones !

Je ne vous apprends rien, les hormones contrôlent nos comportements et notre vie à tous. Chien, chat, ratons-laveurs et nous autres, pauvres humains baignés par l’illusion du libre-arbitre. Chez le chien, la démonstration vient d’être publiée dans Frontiers in Psychology.

Des chercheurs américains ont mis Rocky, Médor, Snoopy et Tina en situation et ont mesuré leurs taux d’hormones. Deux groupes étaient comparés. Appelons le premier « sales clébards », genre Cujo. Le second, le groupe test, est formé de chiens cools au tempérament non-agressif. Et on vient prendre le chou à toute cette petite bande avec une séance de ciné : les expérimentateurs diffusent des enregistrements d’aboiements et provoquent les chiens avec des films montrant leurs congénères en train de batifoler. Pour être bien ficelé, le protocole inclut également une vidéo neutre et là, on dit merci aux scientifiques pour ce grand moment surréaliste ! Détendez-vous, on se croirait dans une salle d’attente de dentiste : les chercheurs projettent aux chiens un film avec des paysages de forêt, les petits oiseaux, la rivière qui coule au milieu des fleurs, le tout avec une bonne musique d’ascenseur (et c’est pas du Miles pour l’échafaud, mais bien André Rieu !).

Hormone, mon amour

Alors, évidemment, les chiens se foutent complètement d’André Rieu, mais devant les stimuli « aboiement » et « autres clebs », ils réagissent. Les plus agressifs présentent des taux plus élevés de vasopressine. Cette hormone, impliquée dans les processus de rétention d’eau dans le corps, dite antidiurétique, avait déjà été suspectée de jouer un rôle dans le sale caractère des humains. Même chose donc quand on marche à quatre pattes.

A l’opposé, les chercheurs ont trouvé chez les chiens cools des taux importants d’une autre hormone, l’ocytocine, avec un meilleur ratio ocytocine/vasopressine. D’après eux, elle pourrait bien tranquilliser les toutous…

Ben ouais ! L’ocytocine, c’est la love-hormone ! Elle est impliquée dans la reproduction sexuée et son rôle dans et après l’accouchement est bien connu chez les mammifères. Hormone de l’attachement, elle est sécrétée lors des moments de tendresse et, je vous le donne en mille, chez les humains, elle est à son maximum au moment de l’orgasme ! (Ne me demandez pas quel protocole expérimental a permis de mesurer ça…)

De la tendresse bordel !

Si une bande de connards (pardon, mais on ne peut pas les appeler autrement) se frottent déjà les mains en imaginant filer des doses de vasopressine pour booster les combats de chien, les auteurs de l’étude, quant à eux tout gentils tout mignons, ouvrent la voie à d’autres recherches, notamment pour le développement de traitements pour aider les toutous devenus violents après un traumatisme. Ils prônent également la relation pacifiste et l’affection. « Des travaux précédents ont montré que les interactions amicales entre l’homme et le chien provoquent une libération d’ocytocine chez les animaux, et quand les chiens sont souvent en contact avec les gens, leur niveau de vasopressine diminue avec le temps », expliquent-ils.

Tu vois, tu fais des gros câlins à ton chien et il arrêtera peut-être de bouffer le facteur !


Source :

Endogenous Oxytocin, Vasopressin, and Aggression in Domestic Dogs, Frontiers in Psychology, sept. 2017


 Illustration :

Chien enragé, bricolage micrologie 2017, inspiré de promener son chien, Bansky (je n’ai pas la date..oups)

micrographie

Bansky promener le chien
©Bansky

Je doute franchement d’avoir le droit d’utiliser un Bansky pour faire mes bricolages débiles, mais quand j’ai vu qu’on pouvait acheter une repro pour un kitchissime papier peint à 6,50 € n’importe où sur internet je me suis dit tant pis ! Donc voilà une œuvre majeure du Street art en balade au milieu des fleurs pour illustrer ce billet.

Alors, oui, Bansky, tout le monde en parle et c’est comme une chasse au trésor, on s’agite espérant tirer le gros lot en démasquant l’artiste qui se cache derrière le pseudo. Des scientifiques britanniques ont développé des méthodes de profilage pour l’identifier, d’autres cartographient et modélisent la distribution géographique de ses œuvres pour le pister, certains calculent des corrélations entre son parcours et les concerts de Massive Attack. Et oups, la gaffe, en juin dernier, un DJ lâche le morceau.

Mais, en fait, vous savez quoi, on se fiche complètement de savoir qui est Bansky ! Ce qui compte c’est son travail et ses prises de position, on pense notamment aux dernières pièces en soutien aux migrants à Calais. (voir le site officiel)

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2 Comments

  1. SR
    30 septembre 2017
    Reply

    Je ne sais pas sous quelle hormone est le chien de Bansky, mais le clin d’œil à Keith Haring est assez sympa.

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