Moineau prolo

La dégringolade du moineau parisien suit la crise des loyers

Chers parisiens, chères parisiennes, j’ai le regret de vous annoncer qu’il n’y a plus personne pour bouffer vos miettes. Le dernier brin de nature frétillant qui trainait sous la table pour grappiller votre déjeuner a déserté. Sur les 13 dernières années, la population de moineaux de la capitale a chuté de 73 %. Et vlan !

Le Corif, Centre Ornithologique Île-de-France, nous a transmis son rapport. Depuis 2003, près de 200 points ont fait l’objet d’un suivi régulier à Paris. Vous savez maintenant ce que foutait ce type bizarre posté au coin de la rue : il comptait les moineaux ! Et ce pauvre monsieur frise aujourd’hui la déprime : en treize ans, trois moineaux sur quatre ont disparu.

Inégalité sociale

Déjà, en 2003, les quartiers chics avaient moins de moineaux. En gros, la densité de piafs est inversement corrélée au prix du mètre carré. En 2016, quand les loyers grimpent dans le XXème et dans le XIIIème, les moineaux se tirent. Ben oui, comme beaucoup, ces pauvres bêtes n’ont plus les moyens de vivre intra-muros. Les ornithologues qui utilisent les grands mots parlent de « gentrification », un anglicisme qui décrit l’embourgeoisement des quartiers. L’habitat est rénové, on bouche les trous, tout est nettoyé pour accueillir ceux qui ont du blé et, vu la valeur du sol, il n’y a pas de place perdue pour la friche et les mauvaises herbes.

Alors, évidemment, c’est tentant. On pousserait bien un coup de gueule pour la justice sociale et le maintien des quartiers populaires pour sauver nos amis moineaux. On en profiterait aussi pour demander l’arasement de la Défense, les façades lisses et vitrées étant, par nature, invivables. Mais ne nous emballons pas ! Les ornithologues nuancent le propos : « il n’y a pas de cause unique qui expliquerait cette diminution » disent-ils dans leur rapport. Pollution, pesticides, réduction des espaces verts, jeunisme des villes (qui, à part les petites mamies, nourrit les oiseaux ?), etc., etc.

En attendant de faire quelque chose contre la pollution urbaine (on peut rêver), vous pouvez toujours installer des « pots à moineaux ». Très assortie à votre lombri-compost de poche et votre sac potager en permaculture, une petite boîte en bois ou une tuile en terre cuite pourrait faire l’affaire d’une nichée de piou-piou.
Oui au logement pour tous !


Source :

Enquête Moineaux domestiques à Paris , Corif-LPO Septembre 2017


 Illustration :

L’attaque des moineaux prolos, bricolage micrologie, inspiré de Rue de Paris, temps de pluie, Gustave Caillebotte, 1877.

micrographie

Caillebotte, rue de Paris
Rue de Paris, Gustave Caillebotte 1877

Encore un peintre réaliste du XIXème pour ce billet, décidément, la critique sociale connaissait alors une grande époque ! Caillebotte est un impressionniste, mais son souci du détail le démarque de ses contemporains. Sa peinture est construite, audacieuse et comme un instantané. Elle annonce l’avènement de ce qui deviendra un art majeur, la photographie.

Avec Rue de Paris, Caillebotte donne une vision grise et monotone de la ville. Malgré la propreté et l’organisation apparente, l’élégance toute haussmannienne se montre sous son triste jour.

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