La sixième extinction tourne en boucle

Coup de gueule de l’autruche

Ça me fatigue ! Depuis deux jours, toute la presse, je dis bien toute, journaux, radios, tv, crie haut et fort que la biodiversité disparaît : « Alerte », « catastrophe », « anéantissement », « chiffres alarmants », « la vie se meurt », etc., etc., les titres sont à s’arracher les cheveux. Oh, les gars, vous débarquez ou quoi ?

Ça va faire plus d’un siècle que les scientifiques alertent ! En 1880, James Edwards dressait le portrait des animaux disparus de Grande Bretagne, en 1888, l’ornithologue Charles Dixon démarrait son inventaire des oiseaux menacés. Dès 1910, les naturalistes ont demandé la création d’une union internationale pour la nature. L’UICN, qui fournit aujourd’hui les listes des espèces en voie de disparition sur lesquelles se rue la presse, existe depuis 1948 !

A peu près tous les six mois, on a droit à une couverture médiatique du grand carnage. Alors qu’est-ce qu’il y a de nouveau dans cet article de Ehrlich publié lundi dans PNAS ? Ben, vous savez quoi ? Rien ! J’ai presque envie de dire qu’il y a encore moins de choses que d’habitude…
Bon, ok, ça tombe pour les vacances, comme une piqure de rappel à vocation pédagogique : pour que les touristes ne laissent pas trainer leurs saloperies de pique-nique partout dans la nature, qu’on n’écrase pas les renards sur l’autoroute, qu’on ne s’enduise pas de crème solaire à l’huile de palme, qu’on ne coupe pas les arbres pour faire passer le tour de France, qu’on arrête de se brosser les dents aux microplastiques, qu’on ne s’asperge pas de DDT contre les moustiques. J’ai bien peur que personne ne fasse le rapprochement…

Le slogan choc d’une « sixième extinction », la disparition massive des espèces liée à l’action humaine, a été publié il y a plus de vingt ans. Grand bruit à l’époque ! Et depuis ? pas de grand changement… oh, si ! oups pardon, le changement climatique !

Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayer de convaincre. Certains ont choisi la version utilitariste, expliquant que la biodiversité est indispensable à la survie des humains, c’est l’idée des services écosystémiques, qu’on a été jusqu’à monétariser. D’autres sont partis sur la corde sensible, agitant des pandas. D’aucuns défendent un droit à la vie en-soi, d’autres encore travaillent avec les enfants, espérant sauver le futur. Apparemment aucune de ces méthodes ne fonctionne, aucun argument ne fait mouche.

Alors, on va continuer longtemps comme ça ? De génération en génération, nous allons compter les bestioles et les plantes qui disparaissent ? Les scientifiques vont faire tourner leurs modèles à prédictions et nous annoncer chaque année que bientôt il n’y aura plus rien ?

Je ne veux pas vous mettre le moral dans les baskets, mais en 2100, nous serons plus de 11 milliards d’humains sur Terre, 11 milliards de personnes à nourrir, à loger, à électrifier, à véhiculer. A moins d’une formidable révolution conceptuelle, vous pouvez dire bye bye au hérisson.


Source :

Biological annihilation via the ongoing sixth mass extinction signaled by vertebrate population losses and declines, PNAS, juin 2017


 Illustration :

Coup de gueule de l’autruche, bricolage micrologie, 2017, inspiré de Blade Runner, Ridley Scott, 1982


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